Renouveler
nos villes pour mieux vivre ensemble
Vaulx-en-Velin les 9 et 10 décembre 1999
Atelier 1 :
Restructurer l’habitat et les équipements publics,
faire émerger de nouvelles solidarités dans le renouvellement
urbain
Au-delà des projets d’aménagement qui concernent
des restructurations et des démolitions-reconstructions,
le renouvellement urbain vise à recomposer les équilibres
sociaux et à revaloriser des territoires touchés
par la dégradation et la ségrégation, à
travers une action menée à différentes échelles
: quartier, commune, agglomération. Il se fonde sur l’articulation
des politiques sectorielles - urbanisme, habitat, déplacements
- et prend en compte le court terme (gestion urbaine de proximité,
services publics ou commerciaux …) et le long terme, afin
d’améliorer durablement la qualité de vie urbaine.
La problématique du renouvellement urbain est tout entière
dans la conjonction de trois enjeux sur un même territoire
urbain : la cohésion sociale et territoriale, le développement
social et économique, le développement durable.
Elle se retrouve dans les modes d’implication des acteurs
dont la mobilisation doit s’opérer en utilisant prioritairement
les outils disponibles : juridiques, d’aménagement,
de gestion urbaine, et en intégrant les conséquences
de toute action dans ces trois champs.
Cohésion sociale et territoriale
L’enjeu de la cohésion sociale et territoriale suppose
des attitudes d'anticipation, de réparation, d'intervention
lourde destinée à la recomposition de tissus urbains,
mais aussi la mise en place des condition d'un accès optimum
aux services urbains.
Face à ce premier enjeu, certains objectifs apparaissent
comme prioritaires. Il s'agira d'intervenir sur les quartiers
d’habitat social, sur les quartiers anciens dégradés
et les copropriétés en difficulté, de rééquilibrer
l'offre locative en particulier sociale, avec la volonté
de permettre un accès à l’habitat qui réponde
à la diversité des attentes, et de placer la gestion
urbaine au cœur des réflexions et des actions sur
la ville.
Développement social et économique
L’enjeu du développement social et économique
suppose de dénouer les situations pour organiser la mutabilité
des espaces, de " déverrouiller " le foncier,
d’instaurer des mécanismes de marché tout en
conciliant le droit au logement et le droit à la ville
dans la perspective de mobiliser les ressources du droit commun.
Là encore, des objectifs apparaissent comme prioritaires.
Il s’agira de mettre en place les conditions de production
d’un urbanisme et d’une architecture de qualité,
de lier de façon pertinente les problématiques d’habitat
et celles des déplacements, le remembrement foncier des
ZUP et leur intégration dans le droit commun des sols…
Développement durable
L’enjeu du développement durable suppose une recherche
de l’efficacité économique en intégrant
la concurrence entre les territoires mais en prenant en compte
correctement les impacts (coûts, économies, plus–values)
externes, sociaux et environnementaux, une recherche de l’équité
sociale, la lutte contre l’exclusion sociale et la pauvreté,
le développement des services, l’adoption d’une
attitude raisonnée dans le domaine de l’environnement
(urbain et social) en veillant à le préserver de
dommages graves et irréversibles.
Ces objectifs s’inscrivent plus généralement
dans la lutte contre la ségrégation spatiale et
dans une réflexion sur les conditions d’une gestion
économe de l’espace limitant l’étalement
urbain.
La recherche de cohérence
Dès lors, la volonté de donner du sens à
la notion de renouvellement urbain nécessite l’évolution
des modes d’intervention sur la ville. Il s’agit moins
d’envisager la fabrication ou la démolition des objets
urbains comme des objectifs "en soi" mais plutôt
de mettre cette production au service de priorités qui
intègrent à la fois le fonctionnement urbain, le
développement économique, la lutte contre les phénomènes
de déshérence, l’anticipation et la correction
des dérapages sociaux, les relations respectives qu’entretiennent
et le centre et la périphérie, aux échelles
qui permettent d’avoir une prise sur les phénomènes.
Cette conception suppose que soient prises des options fortes
sur l’utilisation des outils mobilisables (PLH, PDU, SD,
conférence intercommunale, PLIE…). Il s’agira
à la fois de réguler les marchés immobiliers
et fonciers, d’intervenir sur les changements d’image,
de relier et d’intégrer les différentes parties
de l’agglomération en rationalisant les choix en matière
de structuration des déplacements, tout en autorisant les
opérations ponctuelles indispensables. La recherche de
la cohérence sociale et territoriale à l’échelle
des agglomérations constitue le fil conducteur du renouvellement
urbain.
Territorialisation de l’action publique
Le renouvellement urbain suppose une progression dans l’approche
intercommunale de l’habitat et une meilleure territorialisation
de l’action publique.
Comment sont pris en compte, à l’échelle d’une
agglomération, les questions de déplacements urbains,
les questions du foncier, des marchés de l’habitat,
de la requalification des quartiers, de l’accès des
habitants à l’emploi ? Comment une approche en terme
de déplacements aboutit-elle à l’expression
des besoins en logement, en matière de formation et d’insertion
économique au niveau de l’agglomération ? Comment
une approche sectorielle débouche-t-elle sur une politique
globale de renouvellement urbain ? Comment se redéfinissent
et se répartissent les compétences au niveau de
l’agglomération ?
Le district de Rouen s’est engagé dans cette démarche
tout en adoptant une méthode innovante.
Comment se décline et se traduit à l’échelle
d’un territoire, le quartier, une politique de l’habitat
déterminée au niveau de l’agglomération
? Comment s’expriment dans un projet de revalorisation d’un
quartier les objectifs de diversification, de rééquilibrage
social, de redynamisation économique exprimés au
niveau de l’agglomération ? Comment les différents
partenaires, collectivités locales, organismes HLM, maîtres
d’œuvre construisent-ils un projet avec la participation
des habitants, mêlant différents niveaux d’intervention
(démolition, réhabilitation, restructuration, constructions
neuves, requalification d’espaces, diversification des fonctions,
gestion urbaine de proximité) ? Comment la mise en œuvre
de ce projet contribue-t-elle à améliorer la vie
quotidienne des habitants ?
La ville de Grenoble et l’OPALE se sont engagés dans
un processus de réintégration dans la dynamique
locale du quartier Teisseire à Grenoble en mettant en œuvre
un projet qui tient compte de l’évolution du quartier
dans l’agglomération.
Comment, à partir d’une politique d’agglomération
de lutte contre la vacance, les organismes HLM se regroupent et
mettent en place une nouvelle gestion de proximité s’appuyant
sur l’insertion économique des locataires ? Comment
est-on passé d’une logique propre aux bailleurs sociaux
à une convention élargie à l’ensemble
des partenaires, collectivités territoriales, Etat ? Comment
franchit-on le cap de l’insertion par l’économique
pour parvenir au développement de l’emploi ? Comment
la gestion urbaine de proximité constitue-t-elle une dynamique
de revalorisation ? L’expérience de Vaulx-en-Velin
est riche d’enseignements. |
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